XVII

Du fond de la baie où le reste de la flottille s’était réfugié, Bob assistait, impuissant, à la mise à l’eau du canot qui, de la Montagne de Fortune, allait conduire les pirates à terre. Il vit Lester et ses hommes prendre place à bord de l’embarcation et faire force rames en direction de la grève. Les bandits n’étaient certes qu’une poignée, mais solidement armés et dépourvus de tout scrupule. Ils ne tarderaient pas, Morane le savait, à venir à bout des quelques guerriers demeurés avec le professeur Frost.

« Si seulement nous pouvions gagner la terre nous aussi, pensait Bob. Nous sommes cinq hommes décidés et armés de mitraillettes. Nous parviendrions bien à venir à bout de cette bande de forbans. »

Tenue en respect par les canons de la Montagne de Fortune, l’embarcation montée par Bob ne pouvait gagner la terre sans courir le risque d’essuyer un feu meurtrier. Les deux autres jonques, ayant participé au vain assaut contre le vaisseau chinois, étaient gravement endommagées. Quant à celles qui, dès le début de la bataille, avaient rompu le combat, elles demeuraient prudemment au large, hors de portée des canons.

Et, là-bas, l’embarcation des pirates progressait en direction de la côte. Morane serra les poings, si fort qu’il sentit ses ongles lui blesser les paumes.

— Il faut faire quelque chose, dit-il d’une voix sourde. Il faut faire quelque chose ! Si seulement nous pouvions aborder.

Il jeta un regard désespéré autour de lui, mais les falaises paraissaient partout impraticables, sauf peut-être là-bas, au-delà de l’entrée du goulet menant à la lagune, où un éboulis semblait permettre d’accéder au sommet.

Du doigt, Morane désigna cet endroit à Carter et à ses trois compagnons.

— Tâchons d’aborder là-bas, dit-il. C’est notre seule chance de porter secours au professeur Frost. En longeant les falaises, nous serons suffisamment loin de la Montagne de Fortune pour que le tir de ses canons puisse être réellement efficace.

D’un coup d’œil, les quatre hommes jugèrent la situation. Finalement, Carter hocha la tête.

— C’est faisable, dit-il. Nos Mongols sont de solides rameurs et nous pouvons prendre pied sur l’île en même temps que les pirates.

Du geste, Morane fit comprendre aux Mongols ce qu’il attendait d’eux, mais ils secouèrent la tête, effrayés. Ils devinaient en effet que, en se remettant à avancer, la jonque déclencherait en même temps le tir ennemi, dont ils avaient pu, quelques minutes plus tôt, apprécier la redoutable efficacité.

Et, soudain, Bob oublia que les rameurs ne connaissaient pas le français, pas plus que l’anglais d’ailleurs, ni aucune autre langue que la leur.

— Souquez, vous m’entendez ! Souquez, bande de couards, ou bien…

Poussé par une colère froide, il braqua sa mitraillette vers les Mongols. Après tout, c’était aussi leur combat. Les rameurs le comprirent-ils ou furent-ils subjugués par le ton du Français ? Toujours est-il qu’ils se mirent à tirer de toutes leurs forces sur les avirons. La jonque, arrachée soudain de son immobilité, fila vers le goulet. Elle avait à peine franchi une centaine de mètres, quand le canon-revolver du yacht se mit à nouveau dc la partie. Pourtant, comme Bob l’avait pensé, son tir, rendu peu précis par la distance, se perdait inutilement et les obus faisaient jaillir l’eau tout autour de la jonque, sans toucher celle-ci.

 

Courbés sur leurs avirons, les Mongols, aiguillonnés par le danger, souquaient comme des damnés, et l’embarcation, dirigée par Morane semblait voler littéralement sur l’eau. Elle allait atteindre le goulet, quand le canon cessa de cracher sa mitraille. Déjà, les rocs du barrage fermant le passage entre la mer et la lagune où se trouvait enfermé le Grand Mosasaure, défilaient le long des flancs de la jonque. Soudain, Holt tendit un bras vers la droite, eu hurlant :

— Là, regardez !…

À fleur d’eau, un objet fusiforme, laissant derrière lui un étroit sillage filait vers la jonque.

— Une torpille ! cria Morane.

Sans doute là-bas, sur la Montagne de Fortune, Boris Lemontov, jugeant de l’inutilité de son tir, avait-il recours à cet ultime moyen pour mettre définitivement hors de combat le vaisseau ennemi.

Dans quelques secondes, la torpille, bien dirigée, allait atteindre la jonque. Mû par un réflexe désespéré, Morane pesa soudain sur l’aviron de gouverne et l’embarcation, tel un cheval soudain bridé, pivota sur elle-même, tournant son avant vers le large. La torpille passa à quelques mètres à peine de son flanc droit et, continuant sa course, alla percuter contre le barrage. Il y eut une violente déflagration. Des rochers furent projetés en l’air et une trombe d’eau vaporisée retomba sur la jonque.

Sans se soucier de cette inoffensive averse, Morane redressa l’embarcation.

— Allez-y, souquez, hurla-t-il à l’adresse des Mongols.

JI nous faut aborder avant que ce tueur de petits enfants ait le temps de nous envoyer un autre de ses cigares !

Sans comprendre les paroles de cette brève harangue, les rameurs en saisirent sans doute le sens car, à nouveau, la jonque vola sur l’eau. Elle toucha le rivage à hauteur de l’éboulis et tous, hommes jaunes et hommes blancs, d’un élan commun, sautèrent parmi les rocs.

Là-bas, le canon-revolver avait repris sa chanson et les obus faisaient maintenant voler en éclats la paroi de la falaise.

Et, tout à coup, entre deux rafales, les Mongols, leurs visages tournés en direction du goulet, se mirent à pousser de grands cris de terreur. Ensuite, ils se jetèrent à genoux, la face contre le roc, en continuant à hurler d’épouvante.

Du goulet lui-même, une forme monstrueuse venait de jaillir, fendant l’eau à la vitesse d’un hydroglisseur. Aussitôt, Morane reconnut le Grand Mosasaure. Il comprit que la torpille, en pulvérisant le barrage, avait rendu sa liberté au saurien géant et que ce dernier, prisonnier depuis des années à l’intérieur dc la lagune, s’empressait de regagner la haute mer.

Puissamment, son long corps musculeux ondulant horizontalement à la surface de l’eau, le Mosasaure nageait vers la Montagne de Fortune, qui lui barrait le chemin vers l’océan. Alors, le canon-revolver se remit à tirer avec, cette fois, le monstre pour cible. Les obus frappaient l’eau tout autour du Mosasaure ; l’un d’eux dut finalement le toucher, car la mer se teinta de rouge. Le saurien ne devait cependant par être frappé à mort, car il continuait à nager, avec une rage accrue, vers la grande jonque. Un nouvel obus le toucha, mais sans l’arrêter.

Le Mosasaure était maintenant tout près de la Montagne de Fortune. Son énorme tête frappa la coque de bois à la façon d’un bélier. Les planches cédèrent et une vaste brèche béa, par laquelle l’eau s’engouffra dans les cales.

Rendu furieux par ses blessures, le reptile s’acharnait sur la jonque, agrandissant sans cesse la brèche. La Montagne de Fortune coulait rapidement. Tout autour, une dizaine d’hommes nageaient, tentant désespérément d’atteindre la côte. Non content de sa victoire sur le vaisseau, le monstre s’en prit alors à eux, les broyant entre ses redoutables mâchoires, les balayant de sa lourde queue.

En quelques secondes, tout fut terminé. Autour du Grand Mosasaure, la mer était rouge de sang. Et tout à coup, l’énorme tête de crocodile se dressa au-dessus de la surface, pour retomber ensuite dans de grands éclaboussements. Le corps musculeux eut un dernier soubresaut avant de s’immobiliser définitivement. Et le terrible Mosasaure ne fut plus qu’un grand cadavre doucement balancé par les flots.

 

 

Les yeux agrandis par l’épouvante, Morane et ses compagnons avaient assisté à ce drame rapide, croyant vivre une de ces légendes nordiques où le Serpent de Mer coule de paisibles nefs. Mais la Montagne de Fortune n’était pas une paisible nef, il s’en fallait de beaucoup. Pourtant, cela ne l’avait pas empêché d’être détruite par cette effrayante entité sortie du fond de la mer et des âges pour faire justice.

Pendant le bref combat ayant opposé la bête au navire, le temps avait été comme suspendu et la barque, à bord de laquelle Sam Lester et ses hommes avaient pris place, s’était immobilisée à peu de distance de la côte, comme si la terreur brisait la force des rameurs. Morane et ses compagnons, au bas de l’éboulis, s’étaient sentis frappés par la même impuissance, comme s’ils avaient été soudain changés en pierre.

Le premier, Bob reprit conscience avec le réel. La Montagne de Fortune avait disparu sous les flots et, seul, le cadavre du Mosasaure demeurait comme témoin du drame. Là-bas, à l’entrée de la baie, le Mégophias tintait et se balançait doucement sur ses ancres.

Morane se secoua et passa une main sur son visage, comme pour en arracher le masque de la terreur. Il montra l’éboulis.

— Grimpons, cria-t-il. Nous n’avons pas encore gagné la partie.

Sans attendre, la mitraillette passée en bandoulière autour du cou, il s’élança parmi les rochers. Carter, Lindsay, Holt et Kramer bondirent à sa suite, puis les Mongols. Ils arrivèrent sans encombre au sommet de la falaise et, sans attendre, se mirent à courir vers la crête dominant la grève où le canot de Lester, qui s’était remis à avancer, devait accoster.

Morane atteignit la crête au moment même où des coups de feu partaient du canot. Des balles sifflèrent à ses oreilles et il se jeta à plat ventre, à l’abri d’un bloc de basalte.

Les pirates, Sam Lester en tête, venaient de sauter à terre. Morane décrocha la mitraillette pendue à son cou, visa soigneusement et lâcha une courte rafale. Les balles firent voler le roc en poussière devant les pieds de Lester.

Celui-ci s’arrêta, comme si un mur invisible s’était soudain dressé devant lui.

— Mieux vaut vous rendre, Lester, cria Bob. Vous êtes acculé à la mer et n’avez aucune chance d’en sortir.

Auprès de Morane, Carter, Lindsay, Holt et Kramer s’étaient allongés à leur tour, braquant leurs armes. Là-bas, Lester et ses hommes hésitaient…

— Et si nous vous délogions à coups de grenades ? cria enfin l’ancien second du Mégophias.

— Je ne vous conseille pas d’essayer, répondit Bob.

Avant qu’un seul d’entre vous ait eu le temps de dégoupiller une grenade, vous seriez tous changés en passoires.

Sur la grève, un des bandits porta la main à sa ceinture, mais Morane lui entoura les pieds d’un déluge de plomb. Des parcelles de rocher, détachées par les balles, criblèrent les jambes du pirate ; sa main retomba le long de son corps.

Il y eut un long moment d’attente. Visiblement, Sam Lester se rendait compte que ses adversaires, bien abrités et occupant une position surélevée, possédaient un réel avantage sur sa troupe. Bob le vit parler à voix basse à ses hommes qui, aussitôt, se mirent à marcher à reculons vers le canot.

— C’est inutile d’essayer de rembarquer, hurla à nouveau Morane. Jamais vous n’atteindrez le yacht. Retournez-vous.

Les jonques qui, tout à l’heure, avaient fui devant la canonnade, revenaient en faisant un grand détour pour éviter le cadavre flottant du Mosasaure. Cette manœuvre les avait portées à hauteur du Mégophias dont elles interdisaient à présent l’accès.

Sam Lester laissa échapper une exclamation de dépit et avança de quelques pas en direction de la crête.

— Quelle solution proposez-vous, monsieur Morane ? demanda-t-il.

— Jetez vos armes sans tenter de vous en servir, répondit Bob. Puis levez les bras au-dessus dc la tête. Vous serez nos prisonniers. Plus tard, nous vous remettrons entre les mains des autorités.

— Et si nous refusons ?

— Vous n’êtes pas en position de refuser, Lester. Si vous tentez de résister, vous serez tous abattus sur place.

À voix basse, les pirates se concertèrent. Finalement, Lester jeta sa mitraillette devant lui, sur le sol ; aussitôt, ses compagnons l’imitèrent.

— Vous avez gagné, monsieur Morane. Nous nous rendons.

— Écartez-vous les uns des autres, et levez les mains en l’air.

D’un même mouvement, les bandits obéirent. Alors, Bob, Carter, Lindsay, Holt et Kramer se dressèrent et, leurs mitraillettes braquées, descendirent vers eux.

Quand tous les bandits eurent été dépouillés de leurs grenades et de leurs revolvers, Sam Lester éclata de rire. – Et dire, monsieur Morane, que je vous ai moi-même engagé pour prendre part à cette satanée croisière. J’aurais mieux fait de me pendre ce jour-là.

Morane jeta au forban un regard dépourvu de toute aménité.

— C’est le jour même de votre naissance que vous auriez dû vous pendre, Lester.

Suivi des Mongols demeurés au village, le professeur Frost franchissait la crête. La joie se lisait sur son visage épanoui. Il s’avança vers Morane et lui serra chaleureusement la main.

— Vous m’avez une fois encore sauvé la vie, Bob, dit-il. Sans vous, nous y passions tous.

En quelques mots, Morane mit le savant au courant des événements qui s’étaient déroulés depuis son départ de l’île, la nuit précédente. Frost poussa un long soupir comme si, soudain, il se soulageait de toute l’angoisse accumulée au cours de ces terribles jours.

— Enfin, dit-il, Lemontov et Li-Chui-Shan sont morts, et le yacht nous est revenu. Nous pourrons télégraphier à Seattle pour réclamer un bateau de secours et des hommes d’équipage.

Du doigt, Morane montra le cadavre du Grand Mosasaure, que le courant poussait lentement vers la côte.

— Vous avez même votre Serpent de Mer, professeur.

Un fameux gibier, il faut l’avouer.

Sur le visage du savant, une expression de regret se peignit soudain.

— Oui, dit-il, mais mort hélas ! Quel triomphe si j’avais pu le prendre vivant !

— En lui mettant du sel sur le bout de la queue, sans doute ? dit Morane. Je vous vois déjà arrivant dans le port de Seattle, traînant en laisse derrière le Mégophias, le Grand Mosasaure en personne. Tous les Tartarins de la canne à pêche se suicideraient de dépit. De toute façon, soyez sans crainte, quand nous ramènerons la dépouille du Mosasaure, squelette et peau, votre nom brillera avec un éclat jamais encore égalé.

— Et ce sera à vous que je devrai cette gloire, mon cher Bob. Voilà pourquoi je propose d’appeler notre Mosasaure Mosasaurus moranensi.

Mais Bob secoua la tête.

— Rien à faire, dit-il. Avoir mon nom accouplé à celui de ce géant, je me sentirais écrasé et je ne tarderais guère à être tourmenté par un complexe d’infériorité. Non, baptisons notre Mosasaure Mosasaurus frost.

Le paléontologiste se mit à rire.

— Ne vendons pas la peau dc la bête avant d’avoir… dépecé celle-ci. Ce sera un rude travail, car les Mongols se refuseront sans doute à nous aider.

— Qui sait !… Ils se sont assurément rendu compte que leur dieu Dragon n’était pas immortel, ils le descendront sans doute de son piédestal. Avec leur aide, nous réussirons bien à venir à bout de cet énorme morceau dc viande et…

Bob Morane s’interrompit. Son regard s’était fixé sur une forme allongée – Bob aurait hésité à donner à cette chose le nom d’homme – qui venait de s’échouer sur la grève.

— Regardez là-bas, professeur…

Tous deux avancèrent de quelques pas et ne purent réprimer un frisson d’horreur. La chose en question n’était autre que le corps mutilé de Boris Lemontov. Le visage, demeuré intact comme par miracle, ne permettait guère d’en douter.

— Pauvre diable ! fit le savant. Et quelle horrible mort !

Gravement, Morane hocha la tête.

— Oui, pauvre diable, certes, fit-il. Pourtant, ne le plaignons pas trop. Lemontov, lui, nous eût supprimés sans remords. Il appartenait à cette sorte d’êtres pour lesquels le mot pitié n’existe pas. Tout ce qu’ils ont d’humain, c’est la forme. Lemontov voulait le trésor de Li-Chui-Shan. Ce trésor est à présent au fond de l’eau avec la jonque. Montagne de Fortune, et ce n’est pas moi qui irai l’y chercher. Tout ce qui nous reste, c’est le Mosasaure, et sa dépouille vaut tous les trésors de la terre, vous le savez.

Le professeur Frost eut un signe affirmatif.

— Vous avez raison, Bob, elle vaut tous les trésors de la terre, du moins pour moi, savant. Cependant, c’est un peu grâce à Lemontov que cette croisière se termine par un succès. C’est lui qui a tué le Mosasaure, ne l’oublions pas.

Morane se détourna du cadavre, dont la vue le remplissait d’une insurmontable lassitude, à laquelle ne se mêlait pourtant ni dégoût, ni pitié.

— Je n’oublie rien, professeur, dit-il. Boris Lemontov était prêt à tous les crimes. Malgré cela, c’était un rude gaillard… et un fameux chasseur. Jamais, un tueur de gros gibier n’aura pu aligner un tel tableau de chasse.

 

La Croisière du Mégophias
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